De historische geografie van de lage landen.
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Het Bronnenboek van Nijmegen weerlegt de Karolingische geschiedenis van Nederland.
Naar het overzicht in het kort.

La supposée histoire des Pays-Bas.

En savoir plus sur le contexte pour bien comprendre la méthode de travail en science historique.

Citations d'historiens


La science, c'est le doute


incroyable


crédulité


La vie des saints


Commérage




Plus j'apportais des éléments, plus on se vexait. S'il riait au départ, Hugenholz finit par laisser entrevoir ou qu'il n'avait pas fait d'étude sérieuse ou qu'il était aveugle à l'évidence. Quand on commença à s'aviser qu'il s'était peut-être quand même fourvoyé, il se mit à parler de "niveau", me présenta comme un raseur, un chicaneur dont il fallait rabattre le caquet, qu'il fallait ramener à son niveau, un Don Quichotte luttant contre des moulins à vent. Il avait raison : un moulin de vent est encore plus difficile à combattre qu'un vrai. Et s'il restait encore un atome de doute au bon peuple, "il mettrait quelques étudiants à l'étude" dans une matière que le professeur s'avérait incapable de dominer. On aurait pu apprécier s'il avait convenu par là que, du fait de son séculaire endoctrinement, il était le moins à même de faire cette étude, et qu'il fallait la confier aux cerveaux neufs d'une nouvelle génération. Oh, que non ! Ça n'était pas l'objectif. C'était au contraire une manifestation d'imbuvable arrogance : de cet important problème, il ferait un petit exercice pour des étudiants historiens de première année, strictement prévenus d'avoir à se tenir au diktat professoral conforme aux directives de Nimègue. Vous voyez ça, vous, un étudiant de Nimègue prenant parti pour moi ? Le problème de logement des étudiants en serait diminué d'une unité !

BONJOUR, TRISTESSE !
Sur le plan personnel et professionnel j'ai dû en encaisser d'amères expériences ! J'en avais parfois l'impression d'être en train de commettre un crime. Tous les gros mots du Grand Larousse, on me les a servis. Se gardant bien de venir paisiblement discuter avec moi, des historiens ou qui se voulaient tels ennuyaient mes collègues archivistes, pourtant bien au fait de mon professionnalisme, avec "cet idiot" qui déshonorait la profession, lesquels finissaient par douter. Si, quand je n'y serais plus, dans le monde des archives, avec la contrition voulue, on s'enorgueillissait que la vérité a été découverte par un archiviste, j'espère que se lèvera un contradicteur dans mon genre pour tordre également le cou à ce mythe. Au lieu de m'aider, ce que je n'ai du reste jamais demandé, ou au moins de me témoigner un minimum de respect, l'archivariat néerlandais m'a mis pas mal de bâtons dans les roues. J'ai trouvé plus désolant et révoltant encore que des Jupiters tonnants de pacotille empoisonnent mes enfants à l'école. N'osant s'en prendre au "coupable" (le père), ils se rabattaient sur ses enfants. BONJOUR, TRISTESSE ! une troisième et dernière fois, car il temps de tout oublier et de retrouver sa gaieté.

Enfin, le 28 janvier 1980, on entama la discussion, 25 ans trop tard : le petit monde des historiens va vraiment son train de sénateur ! Elle manquait de sérieux, mais ça viendra. Face à moi, le pensum : une confrontation avec quatre professeurs qui ne reculeraient devant rien pour cacher leur bévues au monde extérieur. Maintenant chacun comprend bien que c'était l'objectif. J'aurais facilement pu les écraser sous les huées, si j'avais adopté leur tactique, ce livre le montre assez. J'en avais le manuscrit avec moi ; comme un second comte Von Stauffenberg, contre un pied de table, j'avais placé la serviette à la bombe destinée à quelques dictateurs de la science historique. Toute la soirée j'ai regretté de ne pouvoir faire partager à la salle ma douce hilarité intérieure. Même du simple point de vue commercial, je ne pouvais me découvrir complètement à Amsterdam. Imaginez-vous que j'aie convaincu la presse et le public. Ou imaginez l'inimaginable miracle que j'aie convaincu les professeurs et que "la belle représentation" se soit close parmi des torrents de larmes sur la Grande Réconciliation, oui, imaginez-vous un peu ça… alors, l'ensemble des Pays-Bas aurait pleuré à gros sanglots la perte des Bataves, mais plus personne n'aurait acheté mes livres.

On m'a (à juste raison !) reproché d'avoir été trop violent et trop dur dans ma publication précédente "Van Dorestadum tot Waderlo" (De Dorestadum à Waderloo). L'étudiante, qui après le débat radiodiffusé parlait d'une salve de sarcasmes dans cet ouvrage, fait preuve de peu de discernement car elle considère comme la chose la plus normale de la terre les salves d'invectives des trois obusiers professoraux (ou est-ce toujours comme ça dans leurs cours ?) ; de peu de sens historique aussi, car, n'ayant pas percé leurs sophismes, elle les a goulûment gobés. Un professeur de Leyde m'écrivit que j'avais ridiculisé les professeurs. C'est également la vérité. Il aurait dû venir à Amsterdam : il aurait vu ses trois collègues se déchaîner. Je voudrais bien savoir s'il leur tape sur les doigts à eux aussi. Les tollés sont-ils réservés aux professeurs à court d'arguments ? J'avais prévu ces reproches aussi avais-je donné une teinte violette à la couverture de l'opuscule, en l'honneur de l'évêque Willibrord certes mais aussi comme couleur pénitentielle. A Amsterdam j'ai largement fait pénitence, mais j'ai aussi en quelque sorte fait enregistrer par acte notarié que ce sont les professeurs qui m'ont appris ces jeux de mains. C'est avec un peu de tristesse que je le constate : jadis, quand j'écrivais avec courtoisie et retenue, personne ne m'écoutait ; quand je me résolus enfin à ne plus prendre de gants, voilà qu'on éprouvait soudain la nécessité d'un débat public. Signe des temps : de nos jours on ne vous entend plus si vous ne descendez pas dans la rue avec des haut-parleurs, des sirènes et des calicots. On ne commença à me prendre au sérieux que quand je me mis à accuser les "savants" de tromperie et d'imposture délibérées. Car, même si c'est la triste vérité, ils se voyaient contraints d'y apporter aussitôt un démenti public, d'autant que la presse commençait à douter un peu beaucoup de leurs grandes déclarations. Fait frappant et symbolique, le professeur Hugenholz me servit un verre d'eau : il voulait hausser mon niveau. En bon Bourguignon, je lui sers donc le vin vermeil de l'exacte critique historique.

FIN




La confusion fondamentale consiste dans la question de savoir si Noviomagus des textes classiques est Nimègue ou Noyon. Le point central qui a tout déclenché et autour duquel tout tourne est cette confusion fondamentale évoquée ici. Cette question sous-tend d’innombrables autres points de vue, comme la confusion qui entoure Trajectum : était-ce Utrecht ou était-ce Tournehem. Et Dockynchirica, c'était Dokkum ou Dunkerque ? Après tout, si Nimègue se trompe, Utrecht n'est pas le siège épiscopal de Willibrord et Boniface n'a pas été assassiné à Dokkum et la Betuwe n'était pas non plus le pays des Bataves. Tout cela s'est passé dans le nord de la France !



Saint-Boniface, Saint-Willibrord, Charlemagne et les Normands sont des légendes pour les Pays-Bas. Ils ne sont jamais allés aux Pays-Bas. C’est le plus grand mythe de l’histoire de l’Europe occidentale.

Deux exemples d'idées fausses.
Les Normands arrivèrent in 880 à Noviomagus via la Seine et l'Oise. Les historiens néerlandais appellent cela Nimègue.
Entre 936 et 950, Transmarus est mentionné comme évêque de Noviomagus. Les historiens néerlandais l'appellent Nimègue, même si Nimègue n'a jamais eu de siège épiscopal.

La vision de Albert Delahaye.
Entre le 3ème et le 10ème siècle, les Pays-Bas étaient inhabitables en raison d’inondations prolongées. L’histoire traditionnelle de l’époque romaine ne s’y est jamais produite. Saint Willibrord, saint Boniface et d’autres prédicateurs, Charlemagne, les Normands, les Frisons, les Francs et les Saxons ont tous été placés dans cette région inondée sur la base de fausses hypothèses, avec toutes les conséquences erronées que cela implique.

LA CONNEXION INCOMPATIBLE DES MYTHES.
Certains ont du mal à accepter qu'une grande partie de l'histoire des Pays-Bas doive disparaître et objectent que Delahaye veut en prouver trop à la fois. Certains considèrent qu’il est impossible qu’un seul homme puisse contrôler toutes les pièces d’un matériau aussi complexe. Il est donc utile d’expliquer brièvement que les différentes parties forment un complexe indissociable, dont les parties distinctes ne peuvent être clarifiées si les autres ne sont pas touchées. Les mythes des Pays-Bas sont une chose qui ne peut être pleinement clarifiée que lorsque l'apparence intrusive de toutes les parties est percée. Si l'on apporte la preuve que la résidence carolingienne de Noviomagus n'était pas Nimègue, la question se pose nécessairement de savoir si la Betuwe ou l'île des Bataves l'était. Après tout, ces deux données ne peuvent pas être séparées sur la base du texte d'Einhard.

Saint Willibrord avait une église à Batua. Si la Betuwe n'était pas la Batua, il faudrait inévitablement se demander si le Trajectum de St.Willibrord était en réalité Utrecht. Ce Trajecturn, bien qu'il n'apparaisse pas lui-même sur la carte de Peutinger, a tellement de points de contact avec Noviomagus et les Batua à l'époque romaine et surtout en raison des rapports sur les Normands que la localisation des deux lieux et des Batua dans une seule et même région doit être considérée comme une certitude.

On peut déduire de divers textes, même s'ils ne le disent pas avec des mots exacts, que Dorestadum était proche de Trajectum. Cette ville occupe même une place centrale dans les récits sur les Normands. Entre les deux, d’autres mythes jouent un rôle, comme les duplications évidentes de Walacria/Walcheren, Isla/IJssel, Wilpa/Wilp, Daventria/Deventer, Tilia/Tiel, St.Lebuinus/St.Lieven, Eperlecques/Echternach, Suestra/Susteren, Werethina/Werden, et d’autres facteurs subordonnés, qui de loin ou de près semblaient soutenir les reconstructions historiques Néerlandaises. Lorsque le pilier principal de cette demeure, la résidence dite carolingienne de Nimègue, s'est effondré, l'image mythologique s'est effondrée. Après cela, il ne restait plus grand-chose à prouver, car l’histoire admise se présentait trop clairement comme un mythe et le grand nettoyage des décombres pouvait commencer.


Bonjour, tristesse!
Cette étude a réduit l'histoire nationale néerlandaise d'avant le Xe siècle à un ramassis de mythes et de légendes facile à percer et à dénoncer avec les règles normales de la méthode historique. Il n'y a pas à s'en réjouir. L'heure est plutôt à la tristesse. Non que je déplore la perte d'une histoire prestigieuse. Sur le plan de la science, je suis plutôt satisfait d'avoir aussi complètement que possible creusé et résolu le problème. Mais sur le plan humain, je ne puis plus guère être satisfait, ne pouvant me débarrasser de l'odeur des vomissures qu'on a déversées sur moi. Le monde des historiens néerlandais s'est montré sous son plus mauvais jour. D'emblée atteint dans une susceptibilité qui n'a rien de scientifique, il a systématiquement empêché toute étude sérieuse, imaginé des échappatoires d'un rare ridicule, manipulé les données archéologiques et historiques. Mieux, moi qui appliquais scrupuleusement les règles d'une méthode dont Hugenholz ignore jusqu'aux premiers rudiments, on m'a traité de "non-scientifique" pour égarer les profanes qui ne savaient pas de quoi il s'agissait. C'est pourquoi je dis avec Françoise Sagan : BONJOUR, TRISTESSE.
Georges Duby
Ce qui n'a naturellement pas eu lieu : il ne faut pas rêver ! Le cas de Mieke Breij, expulsée du circuit pour avoir pris partie pour Delahaye dans sa thèse Sint Maarten Schutspatroon van Utrecht (Stichting Discodom, Utrecht, 1988) et réduite aux « petits boulots », montre assez le danger qu'il y a à s'élever contre l'histoire officielle et ses mandarins. Pour moi, la divine surprise a été le Professeur Georges Duby du Collège de France, qui a eu la gentillesse de lire la traduction que vous avez en main et n'a ménagé ni adhésion ni encouragements. C'est ainsi qu'après l'envoi du chapitre sur le Renus, je reçus en 1981 une lettre manuscrite dont voici le texte intégral (fac-similé sur mon site) : "Merci, cher Monsieur, de me communiquer ce texte, plus perturbant peut-être que tout ce que j'ai lu jusqu'alors de Monsieur Delahaye. Il est convaincant. A vrai dire, je suis dans ces domaines très précis de l'Antiquité et du Haut Moyen Age, un "amateur" mais tout prêt à accepter de reprendre de fond en comble les perspectives de la géographie historique.
Veuillez transmettre à Monsieur Delahaye mes félicitations et mes encouragements, et accepter, cher Monsieur, l'expression de mes sentiments les meilleurs..


CONCLUSIONS GENERALES.


Discussion avec les professeurs d’histoire néerlandais en 1980.

Quelques mythes mineurs.
L'histoire des Pays-Bas, telle qu'elle est enseignée jusqu'à nous, est parsemée d'erreurs. Je veux dire par là, que l'on situe dans les Pays-Bas des personnes, des choses, des faits, des lieux, qui en vérité se trouvent ou se sant trouvés dans le nord de la France. C'est peu à peu, par une suite de déductions, que l'on est arrivé, sans que l'on puisse en tracer Ie tours logique ou chronologique, á une image tout fait fausse de l'histoire des Pays-Bas avant le dixième siècle. Sur une partie de ce sujet j'ai d'abord, en mil neuf cent cinquante huit, publié un livre, étude préalable, que je trouve à présent imparfaite et dépassée.

Depuis il y a quelques mois, j'ai fait paraître une étude plus étendue, plus approfondie, d'environ six cent pages. Ainsi vous ne serez pas étonnés, ai, en cette conférence, je suis obligé d'effleurer seulement le sujet. Je ne puis pas ici, vous le comprenez bien, vous lire ces pages, ou fourmillent des détails géographiques, dont dépend la valeur de ma thèse.
Les historiens des Pays-Bas supposent, que Charlemagne a établi sa célèbre résidence Noviomagus à Nimègue. Bien des raisons nous permettent de croire, que les historiens se sont trompés pendant des siècles, parce que cette résidence doit être située à NOYON. Je ne puis donner ici que quelques raisons. C'est à Noviomagus, que Charlemagne est couronné roi des Francs. Or, tous les historiens, dans aucune exception, pensent qu'il s'agit là de Noyon, et c'est avec raison historique: c'est là une certitude.


Quelques années après son couronnement, Charlemagne batit un nouveau palais à Noviomagus. Faut-il entendre par ce lieu Noyon ou Nimègue? Les "Monumenta Germanica", par exemple, une édition des sourees antiques, publiée par les historiens Allemands, entendent presque chaque fois Nimègue, quand il est question de Noviomagus. Ainsi ils placent les évêques de Noviomagus à Nimègue. C'est une grossière erreur, puisque Nimègue, à la différence de Noyon, n'a jamais été siège épiscopal. C'est ainsi que Immo et Transmarus, bien connus comme évêques de Noyon, se trouvent être, pour les historiens Allemands, évêques de Nimègue.

Maintes fois les Normands ont attaqué la résidence carolingienne. Dans les chroniques l'on trouve les textes rapportant les événements. Les historiens néerlandais et allemands lisent partout Nimègue, pendant que les historiens francais comprennent les textes sur Noyon. Il est curieux de mettre en parallèle les histoires de ces deux villes : on y trouve relatées aux mêmes dates les mêmes visites des Normands. La dernière mention sur les Normands, remontant à l'an neuf cent vingt cinq, les montre attaquant le palais et les faubourgs (suburbium). On y voit ici et là soit Noyon, soit Nimègue. Or cette narration se trouve chez un seul chroniqueur. Il ne peut s'agir que d'un seul et même événement, impossible à localiser en deux lieux différents. Cela montre, que parmi les historiens on confond Noyon et Nimègue, quand il s'agit de la résidence carolingienne. La confusion elle-même a une origine facile à déceler : les deux villes sont connues sous le même non latin et antique de Noviomagus.

Mais les textes des chroniques et des chartes contiennent assez de preuves pour que l'on doive conclure, que c'est Noyon et non pas Nimègue, qui est le lieu véritable du palais carolingien. Mentionnons d'abord les Chroniques de Saint-Denis, écrites en langue courante, qui doivent être considérées comme des traductions littérales des chroniques générales, rédigées en latin. Là ou les chroniques latines portaient Noviomagus, le chroniqueur de Saint-Denis a écrit tout simplement: "Noyon", et il est clair, qu'il a alors en vue la résidence carolingienne. Cette chronique, vous le savez, date du onzième siècle. Les historiens néerlandais me reprochent de soulever une question nouvelle, un problème jamais posé jusqu'ici. C'est inexacte, car ma thèse n'est pas nouvelle. Je ne fais que reprendre l'interprétation d'un écrivain francais du onzième siècle. Les "Annales Vedastini" racontent, qu'en l'an huit cent quatre vingt dix, les Normands voulaient s'emparer du paleis de Noviomagus pour y hiverner. lls arrivaient, note le chroniqueur, par la Seine et l'Oise. On le voit, on na peut entendre ici par Noviomagus que la ville de Noyon. C'est encore de Noyon qu'il s'agit dans la narration de l'an neuf cent vingt cinq, quand il est parlé de l'attaque des Normends contre la résidence et le suburbium. Dans le contexte immédiat ce sont les villes d'Amiens et de Beauvais qui sont nommées. Nous savons en outre, par quelques textes contemporains, qu'on faisait à Noyon une différence entre le palais et le suburbium

Une charte de l'en mil dix huit nomme la résidence "Tritile Noviomagus". Le Tritile est complètement obscur, quand il s'agit de Nimègue. C'est sans doute un mot francais, un toponyme qui signifie : "trois îles" ou "île triple". Déjà pour des raisons linguistiques il ne convient pas à Nimègue, mais parfaitement à Noyon, qui se trouve divisé en trois îles par les trois rivières la Gouelle, la Verse et la Marguerithe. Un texte rapportant un événement de l'an mil vingt et un nous apprend que l'empereur se trouvait à Cologne pour le sacre d'un évêque. A son retour, dit la chronique, il se fit accompagner par l'évêque de Cambrai. Arrivés à Sains-les-Marquion, l'évêque prit le chemin de Cambrai; l'empereur celui de Noviomagus. Il est impossible ici d'y voir Nimègue. Par ailleurs, quelques lignes plus loin, le chroniqueur parle de l'évêque de Noviomagus, ou sans aucun doute il vise celui de Noyon. Raison de plus pour que le premier Noviomagus cité soit Noyon! En mil quarante six la résidence de Noviomagus est détruite par les Flamands. Les chroniqueurs mentionnent celle-ci en relation directe avec L'Escaut, Arras, Arques et Verdun. Ainsi il est sûr que les Flamands ont bien brulé le palais de Noyon, non pas un palais à Nimègue.

Voici quelques arguments, puisés dans les sources écrites. Le soussol de Nimègue nous fournit in autre argument, qui même négatif semble bien suffisant. Car les fouilles, pratiquées au cours des siècles derniers à Nimègue, n'ont livré aucun vestige de la période franque ou carolingienne; pas la plus trace archéologique du palais supposé, alors que les objets romains au contraire abondent. Quand un matière assez importants d'histore traditionelle n'est pas prouvée par l'archeologique, le problème á etudier sérieusement.

Il semble qu'on puisse indiquer la raison ou la cause de l'erreur. En l'an mil cent cinquante cinq l'empereur Frédéric Barberousse fit bâtir un paleis à Nimègue. Notons que l'inscription de la pierre dédicatoire de ce palais ne fait aucune allusion à Charlemagne ou à son palais. Non pas aussitôt, mais passeblement après sa construction ce palais impérial allemand fut considéré comme l'ancienne résidence carolingienne. C'est à partir de cette erreur générale que l'on interprêta faussement les sources.

Le deuxième mythe est celui de la bibliographie.

Eginhard, contemporain et proche collaborateur de Charlemagne, écrit que ce prince bâtit son nouveau palais à Noviomagus prês de la rivière la Vahalis et de l'île des Bataves. Sur la carte de droite, l’emplacement de l’île des Bataves. Cette rivière la Vahalis, que l'on trouve déjà mentionnée chez les écrivains romains, est nommée dans les chroniques du Moyen-Age sous des noms divers : Walis, Walum, Wal et Guala. Ce que les écrivains avaient en vue, ce n'êtait pas la Waal néerlandaise, mais la Gouelle, qui passe à Noyon. L'île des Bataves était regardée aux Pays-Bas comme étant vraiment et selon le nom même le pays de la Bétuve. Ce toponyme de Bétuve se trouve maintes foie dans l'est des Pays-Bas. Il signifie simplemant : terre bonne ou fertile. Bétuve est devenue ensuite un nam de contrée. Dans les sourees il apparait à une époque, ou personne ne pensait encore aux Bataves dans les Pays-Bas ni à la résidence de Charlemagne à Nimègue. la circonstanee fortuite du nom de la Bétuve, qui semblait nécessairement annexé à la résidence, a donné ici un fondement à l'erreur générale. Selon la chronique de Watten on doit localiser les Bataves dans le nord de la France; d'après Tacite et d'autres écrivains romains sur la frontière, qui sépare les populations romanes des nations germaniques, donc sur la frontière linguistique. La chroniqueur de Watten écrit : "Nous, habitants de Watten, nous sommes les descendants authentiques et directs des Bataves". Il cite, en outre, le texte d'un auteur classique du cinquième siècle (Orosius), qui place les Bataves sur le continent à cet endroit, qui est le plus proche de l'Angleterre, car, dit-il, les habitants des côtes peuvent voir celles d'en face. Ce détail, qui ne peut s'appliquer qu'au détrait du Pas-de-Calais, ne peut pas concerner les Pays-Bas, ou la distance d'avec l'Angleterre est dix fais plus grande. Un texte du Moyen-Age localise la rivière la Versia dans l'île des Bataves. Or il n'existe pas de rivière de ce nom dans le Bétuve néerlandaise, mais il en existe une près de Noyon : la Verse. Une des églises de Saint-Willibrord est signalée dans la Batua: celle de Helisthe-Marithaime. Cette localité et cette église n'existent pas aux Pays-Bas, mais bien à Oust-Marest près du Tréport, ou l'on trouve précisément une église de Saint-Willibrord, devenue aujourdhui chapelle, et dont le patronat au Saint-Sauveur correspond à la charta de donation à Saint-Willibrord.


On voit figurer sur la carte de Peutinger l'île des Bataves. C'est une carte du quatrième siècle. Il y avoit alora déjà un siècle et demi, que les romeins avaient quitté les Pays-Bas, dont la partie occidentale, contrée tres basse et en grande partie sous le niveau de la mer, a été maintes fois inondée entre le deuxième et le neuvième siècle, comme cela nous est bien connu. Il est difficile d'accepter, que sur la carte routière des romains vers la fin du quatrième siècle figurerait encore une contrée, qui était submergée depuis plus d'un siècle. Sur la partie de la carte, nommée Patavia, on trouve plus de vingt noms de lieu, dont aucun ne peut raisonnablement être situé dans les Pays-Bas. Par contre, plusieurs de ces noms se trouvent dans le nord de la France. Ainsi, "Carvone" de la carte est sur le territoire actuel de Carvin, comme le prouve l'Itinéraire d'Antonin, qui mentionne le même lieu et le situe entre Cassel, Tournai et Arras. "Lauri" est Lumbres. "Fletione peut être Fléchin. "Tablis" est Etaples. "Grinnibus" correspond à Grivesnes près de Montdidier. Sur les cartes imprimées numeros un et deux vous trouvez la reconstitution de la partie de la carte de Peutinger sur une région du nord de la France. Ainsi, si quelques identifications de lieux sont certaines, d'autres vraisemblables ou probables, ne faut-il pas conclure, que cette portion de territoire est située dans le nord de la France? la carte de Peutinger nous montra, en outre, comment et pourquoi la question de la résidence carolingienne, le pays des Bataves, et aussi le champ d'apostolat de Saint-Willibrord ne forment qu'un seul problème. D'apres le texte d'Eginhard le Noviomagus carolingien est identique au Noviomagus romain, qui se trouve près de l'île des Bataves. Il est logique d'interpréter la carte de Peutinger selon cette certitude. L'identification des Bataves avec les habitants des Pays-Bas est l'oeuvre des Humanistes du seizième ciècle. Avant eUX le mot même des Bataves était inconnu dans la Néerlande. Cette erreur s'est développée. Les historiens venus par la suite les ont suivis sans l'ombre d'une hésitation, sans faire la moindre critique. Je dois me contenter de donner les grandes lignes. Pour beaucoup plus de détails il faudrait se reporter à mon ouvrage.


S'il est vrai, que l'antique Noviomagus est Noyon et non Nimègue, les conséquenees sont fort importantes et ne se laissent pas embrasser d'un seul coup d'oeil. Un texte nous apprend, par exemple, qus les Normands attaquaient la ville de DORESTADUM et que de son palais de Noviomagus l'empereur pouvait voire les incendies, par eux causées. Cela suppose donc entre Noviomagus et Dorestadum une faible distance. Si la residence impériale est Noyon, comment localiser Dorestadum à Wijk-bij-Duurstede à plus de trois cent kilomtres aux Pays-Bas? Par ailleurs Dorestadum se trouvait pas très éloigné de TRAJECTUM, la résidence de Saint-Willibrord. Dans les anciens textes ces deux villes sont mises souvent en relation géographique. Je crois, qu'il feut regarder Dorestadum comme le Wich romain et du haut Moyen-Age, qui se trouvait situé a l'est de Tournehem. Peut être doit-on le mettre en relation avec Ostrewic, mentionné dans quelques textes. Nous savons par différents documents, qua Dorestadum se nommait aussi Wicus ou Wic. Aux Pays-Bas il existait bien, depuis le douzième siècle, un lieu Wijk ou Wik, situé près d'Utrecht, lieu auquel, au quatorzième siècle, l'on ajouta "bij-Duurstede", près de Duurstede. Cette addition montre que le nom original du lieu a été précisé par suite d'une interprétation historique, qu'il faut craindre fausse.

Conclusion en ce qui concerne la Frisia.
Remettons d'abord Saint-Willibrord dans la région authentique; après je vous donnerai quelques raisons pour chercher le lieu précis de sa résidenee. Selon des sources dignes de foi, le Trajectum de Saint-Willibrord so trouvait près de l'ALMERE, uno baie maritime. On a voulu voir en celle-ci le Zuiderzee néerlandais. Or c'est bien plus tard que le nom Almere a été appliqué au Zuiderzee néerlandais, et notamment dans quelques chartes fausses. Chronologiquement avant les textes néerlandais on trouve des textes francais, qui localisent l'Almere dans la basse contrés entre Dunkerque, Saint-Omer et Calais. Ce dédoublement est peut-être le fait le plus remarquable dans toute la mystification. D'autre part, Saint-Boniface souffrit le martyre dans une région, située au nord de l'Almere. Le texte le plus ancien de la vie de Saint-Willehad précise ce lieu : c'était dans les environs de "Dochinkirica". Sans doute faut-il voir ici Dunkerque et non pas un lieu dans la Frise néerlandaise, ou l'on a abrégé le mot du texte original pour en faire "Dokkum". Aprês la mort de Saint-Boniface, ses disciples ont transporté le corps à travers l'Almere, pour l'inhumer à Trajectum. Saint-Boniface travailla pendant treize ans dans l'évêché de Saint-Willibrord.

On lit dans sa biographie, qu'il passa ces années-là pres de l'Almere à "Wyrda", (Weretha, près de Sangatte), Attingahem - Autingues, et à Feliso, probablement Fléchin. On chercherait en vain ces noms de lieu aux Pays-Bas. Théofride d'Echternach écrit, que Saint-Willibrord débarqua, venant d'Angleterre, à Gravelines. Ceci est rejeté comme de la pure fantaisie par presque tous les historiens, parce qua dans le nord on tenait pour la tradition, très tardive, que Saint-Willibrord avait débarqué sur la côte des Pays-Bas, près de Katwijk au nord de La Haye. Les sources nous disent qu'une fois débarqué, il se rendit directement à Trajectum. S'il a bien débarqué à Gravelines, il est absurde de placer cette résidence à Utrecht. Dans les chartes de l'abbaye de Saint-Bertin on trouvo plusieurs mentions de lieux ou d'églises qu'avait possédés Saint-Willibrord. En plusieurs cas om pourrait montrer comme vraisemblable la succession directe entre ce saint ou son évêché et l'abbaye audomaroise. Ce lien semble bien établi pour la Flandre occidentale, ou plusieurs églises, probablement des églises ayant appartenu à Saint-Willibrord, comme celles de Clemskerke, Wulpen, Bourbourg, Saint-Willibrotd près de Bourbourg, Gravelines, Poperinghe, apparaissent dans les posessions de l'abbaye de Saint-Bertin, précisément quand au neuvième siècle, l'évêché de Trajectum disparut du fait des invasions normandes.

L'église cathédrale de Saint Willibrord était consacrée au Saint-Sauveur. Or on na trouve point d'église sous ce patronage à Utrecht avant le treizième siècle. Alors, aussi cette conséquence est tirée, en "rebaptisant" une église sous le patronage de Saint-Thomas en celui du Saint-Sauveur. Grâce à quelques chartes de Saint-Bertin du neuvième siècle on peut avancer comme très vraisemblable, que la "basilique" plus ou moins mystérieuse de Saint-Sauveur-de-Stenetlend pourrait être située à proximité de Tournehem, plutôt qu'à Beuvrequen, comme le pensent quelques historiens Francais. Ce détail est pour notre thèse des plus importants, spécialement en l'absence aux Pays-Bas de tout vestige d'une église de Saint-Willibrord. De plus il est remarquable, que les sources de Saint-Willibrord parlent en effet de son église comme d'une "basilique". Les livres liturgiques nous apportent des indices précieux. Selon Alcuin, la premier biographe du saint, Willibrord mourut le six novembre. Or on célèbre généralement sa fête le sept novembre; Le déplacement de cette fête ne se voit nulle part ailleurs que dans la région audomaroise, parce qu'ici l'on célébrait le six novembre la fête plus ancienne de Saint-Winnok, patron de cette ville si hospitalière de Bergues. Ainsi ce petit détail liturgique montre la région, ou il faut placer l'origine du culte de Saint-Willibrord. Saint-Willibrord possédait un calendrier, qu'il avait rédigé lui-même. On y lit qu'à son départ de l'Angleterre il se rendait "in Francia". Je sais bien, qu'au début du huitième siècle ce terme he vise pas simplement la France, mais le pays des Francs; même avec cette restriction il ne peut pas désigner le nord des Pays-Bas. La témoignage de Saint-Willibrord lui-même contredit donc la thèse courante. Dans ce calendrier, qui après la mort du saint est venu en possession de l'un de ses successeurs, on trouve une fête de Saint-Bertin, fête peu importante, rappelant une translation des reliques en l'an huit cent quarante six. En dehors de la contrée, soumise à l'influence de l'abbaye de Saint-Bertin, cette fête n'était pas connue.

On est incliné à croire, qua l'addition de cette fête a eu lieu dans le région de Saint-Omer, ou un des successeurs de Saint Willibrord se serait trouvé avec ce calendrier. Peut-on vraiment supposer, que ce carnet se soit égaré en ce pays en provenance d'Utrecht ou d'Echternach ? En l'an huit cent soixante deux l'archevêque de Raims écrivait à l'évêque de Thérouanne, pour lui demander d'empecher le comte de Flandre de prendre contact avec le chef normand Roerik. Il envoyait une lettre de même teneur à l'évêque de Trajectum, successeur de Saint-Willibrord. Il semble donc, que l'évêché de Trajectum se trouvait hiérarchiquement dépendant de celui de Reims. Or, Utrecht n'a jamais été suffragant de Reims. Les faits montrent par ailleurs, que les soucis de l'archevêque de Reims concernaient le littoral du nord de la france. On ne voit pas en quoi l'intervention de l'évêque d'Utrecht pourrait être sollicitée dans une question, touchant la Morinie. Avant le douzième siècle aux Pays-Bas on ne connait pas le nom de Saint-Willibrord. Il n'existe alors aucune église placée sous son patronage, aucune relique, aucune fête ou mémoire, aucun vestige de culte. C'est seulement au début du quatorzième siècle, que l'on trouve la première charte avec la mention de la fête du saint. Par contre, dans les deux Flandres, l'on trouve une quantité de vestiges de sa mémoire et de son culte : à Clemskerke, Middelkerke, Wulpen, Poperinghe, il y avait des églises sous son patronage. A Lens la Collégiale possédait des roliques importantes. A Marck, Bourbourg, Saint-Willibrord près de Bourbourg, et Gra-velines, sa fête est célébrée durant des siècles. Soit qu'il est impossible de montrer la continuité historique entre ces vestiges et le temps de Saint-Willibrord, en tout cas il est sûr, qu'ils sont antérieurs à ceux des Pays-Bas.


Si tout cela ne suffisait pas à convainore de la fausseté de la tradition,qui a cours, interrogeons les reliques du saint. Il se trouve avoir ..... deux corps: l'un à Echternach, l'autre à Abbeville. Celui d'Echternach est toujours considéré comme étant l'authentique. Mais si l'on consulte toutes les données, et même spécialement celles d'Echternach, on voit que le corps d'Abbeville a bien plus de chance d'être le vrai. C'est vers le fin du quinzième siècle, un temps ou la crédulité avait encore largement cours, que les moines d'Echternach eux mêmes ont mis en doute l'authenticité des reliques de Saint-Willibrord, qu'ils possédaient. Il est sans doute impossible de prouver quel est la vrai des deux corps. Ceci n'est d'ailleurs pas primordial. Ce qui importe, c'est de savoir comment l'église d'Abbeville aurait pe entrer en possession des reliquas d'un évêque d'Utrecht ou d'un abbé d'Echternach. Si les reliques d'Echternach sont fausses (et c'est sur elles que repose toute la tradition d'Echternach et la plus grande partie de celle des Pays-Bas), il y a des raisons pour se poser la question : Si l'abbaye d'Echternach est bien en réalité une fondation de Saint-Willibrord ou si elle doit être considérée comme une fondation postérieure, par exemple comme une transplantation de monastèrs, comme il est arrivé dans plusieurs autres cas, à la même époque. Dans les textes les plus anciens l'abbaye de Saint-Willibrord s'appelle toujours "Epternacum". Sans pouvoir la prouver d'une manière absolue, je me demande s'il ne faut pas penser à Eperlecques, non loin de Tournehem. En tout cas il serait raisonnable de supposer l'abbaye, centre de l'apostolat du saint, située dans la région à évangéliser et non pas au loin, comme l'est Echternach. Saint-Willibrord avait une autre abbaye, située selon les sources à Suestra. La tradition courante la place à Susteren, un villsge dans le Limbourg néerlandais, mais je crois bien qu'il faut plustôt la localiser à Souastre, au sud d'Arras. D'après une chartea, donnée entre les années sept cent cinquante et un,et cinquante quatre, l'église de Trajectum avait avant Saint-Willibrord une histoire de près de deux siècles. Ainsi, au début du sixième siècle, cette église avait-elle reçu le privilège de l'immunité. Si Trajectum était aux Pays-Bas, à Utrecht, le fait ne serait pas acceptable, parce que l'on a toujours enseigné (obligé par le manque total d'autres données), que Saint-Willibrord a fondé la première église d'Utrecnt. Aussi les historiens néerlandais rejettent-ils cette charte ou doivent- ils la corriger substantiellement pour le besoin de leur cause. Au contraire, si l'on place Trajectum dans son cadre authentique, il n'y a pas de difficulté à admettre une évangélisation antérieure à celle de Saint-Willibrord, car les données historiques ne laissent pas le moindre doute, qu'elle a existé dans cette région.

Essayons maintenant de préciser le lieu de le résidence de Saint-Willibrord. Dans les sources ce lieu est nommé Trajectum. Avant Saint-Willibrord cette villa avait déjà une histoire de deux siècles; connue au commencement du sixième siècle. Il est donc normale qu'elle soit mentionnée dans les sourees romaines. Selon l'Itinéraire d'Antonin le Trajectum romain se trouvait à cinquante cinq kilomètres de Mannaricium (Minnaricium) (Référez à la carte numéro trois). Ce dernier lieu ne s'est jamais rencontré aux Pays-Bas, tandis qua les historians francais l'identifient avec Merville ou du moins ses environs.

La ville romaine de Trajectum est considérée toujours, aussi par les historiens néerlandais, comme le lieu du siège de Saint-Willibrord. Or l'Itinéraire d'Antonin montre, que la ville se trouvait à la distanee indiquée entre Merville et la côte. A cette distance,demandée par l'Itinéraire d'Antonin, se trouve la localité de Tournehem. D'autre part, à Utrecht l'on a trouvé vers 1929/30 des inscriptions romaines, sur lesquelles apparaît plus de vingt fois le nom de ALBIOBOLA, qui désigne l'Utrecht romain. Il est probable qu'avant le neuvième ou dixième siècle, losque le région d'Utrecht fut complètement libérée des transgressions marines, cette ville n'ait pas porté le nom de Trajeetum, mais celui de Albiobola.

Ce lieu de Tournehem a pu recevoir une plus grande importance du fait des transgressions de la mer, postérieures au deuxième siècle, qui avaient formé l'Almere en France et rendues impraticables bien des communications directes. Tournehem est à l'intersection de la Leulène, très ancien chemin de Thérouanne à Sangatte (peut-être meme préhistorique), et de la petite rivière la Hem, qu'elle franchît à gué. Dans une charte, donnée pour l'évêchê de Trajectum, l'église épiscopale était mis en possession d'une église près de la rivière, nommée Lockia. Cette rivière n'existe pas aUX Pays-Bas, mais c'est le Loquin, qui se trouve à quelque distance de Tournehem. Des documents de l'évêché de Saint-Willibrord nous savons, qu'en l'an huit cent cinquante sept la villa de Trajectum est détruite complètement par les Normands. Le chroniqueur raconte, qu'ils ne laissaient pas pierre sur pierre. Et c'est précisément dans cette même année, que les historiens francais placent la conquête définitive de Tournehem par les Normands. Je crois bien, qu'il feut combiner ces deux données; jamais les Normands n'ont visité les Pays-Bas. Alors s'ensuit, qu'après la destruction de la ville la continuité historique est rompue, ce qui de sa part déclare l'introduction du nouveau nom de Turringahem, que nous rencontrons d'abord dans les sources. Il est impossible d'accepter le passage étymoligique de Trajectum en Turringahem ou Tournehem. Les faits passés montrent en tout cas, que la villa ancienne a été privée d'habitants pendant un certain temps, ce qui n'interdit pas de supposer, qu'un autre nom ait été donné à la nouvelle localité. Il est possible aussi, que le lieu ait porté le nom intermédiaire de Stenetland.

On pourrait voire une autre difficulté dans le fait, que Tournehem n'est point connu comme siège épiscopal. Dans l'histoire de l'évangélisation de la Morinie Tournehem n'a pas de rôle. Cette difficulté semble plus grande qu'elle est en réalité. Saint-Willibrord n'avait pas reçu un évêché au sens stricte qua nous lui donnons. Du papa Serge il avait reçu la mission de christianiser le "peuple des Frisons"; il portait même le titre d'archevêque, qui lui donnait autorité et liberté d'action. Il ne dépendait d'aucune hiérarchie établie. Son ministère rele-vait directement du pape. Après la mort de Saint Willibrord sa mission n'a pas produit les fruits espérées. D'un côté se déclarent les difficultés politiques entre les habitants des côtes et les Francs; d'autre part les missionnaires eurent des frictions avec les évêchés fondés, comme nous savons par un texte relatif à l'évêque de Cologne,qui après la mort de Saint-Willibrord voulait s'empares du champ d'action de ce dernier, sur lequel il pensait avoir droit, parce que selon lui, il se trouvait dans la partie germanique de l'empire. Après Saint-Willibrord Saint-Boniface a recueilli son héritage quelques années jusqu'au moment, ou celui-ci fut appelé au siège de Fulda. La troisième successeur de Saint-Willibrord, Saint-Grégoire le martyr, a refusé l'ordination épiscopale; simple prêtre il continua l'évangélisation. Ceci nous montre combien la situation était devenue précaire. Si l'apostolat de Saint-Willibrord, d'origine missionnaire, aurait bénéficié d'une érection hiérarchique, la question serait très claire. Jusqu'à la fin l'évêchê de Trajectum est resté terre de mission, même si l'on voit une seule fois, que l'archevêque de Reims donne des instructions à lêvêque de Trajectum. C'est pourquoi Tournehem n'est pas connu dans la liste des lieux de sièges épiscopaux. Un grand nombre de propriétés et d'autels de Saint-Willibrord est connu. Le hagiographie traditionelle les localise dans la Hollande, au nord des Pays-Bas, dans la Zéelande néerlandaise, dans le Brabant septentrional; dans le Pays de Clèves; dans les Limbourgs néerlandais et Belge; dans la Campine; aux environs d'Anvers; au Luxembourg; dans la Rhénanie et même dans la Thuringue. Il va sans dire, que cette reconstitution des possessions d'un évêque sans grand prestige n'est pas acceptable aux huitième et neuvième siècle, ou l'on ne connait pas des propriétés aussi dispersées. Les chartes sont interprétées l'une après l'autre en fonction de ces diverse contrées. Sur la fin du douzième siècle l'abbaye d'Echternach commencait la récupération des biens de Saint-Willibrord, qu'elle avait perdus quelques siècles auparavant. Le prieur de l'abbaye de ce tempe, bon administrateur mais aUS-si falsificateur connu de documents, s'est trompé dans la localisation des lieux anciene. S'il s'était tourné vers le nord de la France, il les aurait retrouvés sur la carte. Mais à cette époque déjà, la région authentique de la mission de Saint-Willibrord était oubliée. Il faut bien remarquer, que seulement une très petite partie des identifications fut faite par l'abbaye d'Echternach; le reste l'oeuvre des historiens postérieurs, qui ont simplement affirmé sans donner de preuve.


Il est dommage. que nous n'ayans pas le temps d'étudier une à une les propriétés et les autels de Saint-Willibrord, tels que je crois les avoir retrouvés dans votre région et notés sur la carte numero quatre. Citons,seulement quelques noms de lieu que l'on situe dans la Brabant septentrional, ou je suis archiviste. Ils se situent mieux dans le nord de la France, ou ils se présentent avec une étymologie plus claire, et ou surtout ils peuvent se retrouver dans des textes parallèles,chose qui mangue totalement dans le Brabant avant le douzième siècle. Le "Hulislaum" de la charte d'Echternach est : Haubourduin. "Bagolose" est : Bailleul. "Durninum" est Douvrin "Diosne" est Thiennes. "Waderlo" est Wattrelos. "Hulislaum" est Hulluch. "Levetlaus" est Lavislecour, lieu dit près de Bourbourg. Birni est Bierne. "Rumelacha" est Remilly-Wirquin ou un des autres Rumilly. Dans un des textes concernant ces mêmes biens, on retrouve la rivière la Deûle dans sa forme authentique et non-mutilée de "Duplao". La localisation des biens de Saint-Willibrord dans votre région permet de les retrouver groupés, tandis que la thèse traditionelle est obligée de les rechercher dans des régions diverses et éloignées les unes des autres. Et même les quelques noms de lieu que le chanoine Wampach, l'éditeur récent des chartes d'Echternach, n'a pu identifier, se retrouvent aisément dans le nord de le france et le sud de la Belgique. Toutes ces mystifications ne se sont pas produitesaux Pays-Bas d'un seul coup; alors il faudrait d'y vair une tromperie intentionnelle. Il semble, au contraire, que l'introduction de ces erreure historiques et géographiques se soit êtalée sur des siècles. Une fois admis qu'Utrecht était l'ancien Trajectum de Saint-Willibrord, le reste en a découlé comme une conséquence. Je n'ai pas la prétention de vouloir VOUs convaincre par cet exposé trop court, mais aussi déjà trop long. Pourtant je suis heureux d'avoir eu l'occasion de vous exposer mes vues sur la question, non point peur ajouter votre histoire, qui est déjà si riche, mais par souci de vérité historique. Mon seul désir est que les historien francais se mettent à l'étude de cette matière. Connaissent mieux que moi le géographie et l'histoire locales, ils trouveront sans peine bien d'autres dètails pour etayer cette thêse, que je n'ai fait qu'ébaucher en travaillant de loin evec seulement quelques rapides visites en votre pays. J'espere que cette conférence aura êveillé en vous quelque intérêt sur les problèmes soulevés, problèmes qui me semblent particulièrement importants. En tout cas, je vous remercie très sincèrement, du fond du coeur, de votre si bienveillante attention.


Lisez le livre "De Ware Kijk Op" pour tous ces textes et d'autres et jugez par vous-même!

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